Médiation Culturelle

Femmes de Crobatie, Femmes puissantes!

Le projet « Ici en Crobatie » s’est tenu entre le 2 octobre et le 1er décembre 2023.

Fruit d’une étroite collaboration avec l’équipe artistique de la Collective femmes de Crobatie, de la Direction des Arts vivants et visuel et de la mission égalité Femmes hommes du Conseil Départemental de la Haute Garonne, de la Maison des Solidarités du Pont Vieux et de la Grainerie, il s’est déroulé en 3 volets : semaine de laboratoire et création in situ à l’espace Roguet, journée de conférence, et semaine de transmission et d’échange.

  • Une semaine de laboratoire et de recherche ayant abouti à une création in situ à l’espace Roguet, jouée le 18 novembre dans le cadre de la Nuit du Cirque.

Véritable challenge artistique, cette création a été réalisée en 5 jours à partir de l’identité de chacune des 9 acro danseuses, de ce qui les relie en tant que femmes, en tant qu’artistes, en tant que circassiennes. En cassant les codes de la représentation, de la circulation et du rapport au public, les artistes, accompagnées par la grande implication de l’équipe de l’espace Roguet, ont offert aux spectateurs et spectatrices un moment riche et déroutant, invitant à porter un nouveau regard sur les espaces, investis dans leur moindre recoins extérieurs et intérieurs. La présence de plusieurs femmes accompagnées par La MDS du Pont Vieux a par ailleurs permis de créer de premières bases d’échanges pour les futurs ateliers de médiation.

Le public était au rendez-vous, la jauge étant complète (130 personnes) mais de nombreuses autres personnes ont toutefois pu assister aux scènes présentées à l’extérieur. 

  • Une Journée d’étude et de rencontres circassiennes autour du genre dans les arts du cirque à l’Espace Roguet lundi 27 novembre de 9h à 17h, pilotée par la Mission Egalité Femmes Hommes du Conseil Départemental de la Haute Garonne.

Animée par Lou Andrea Rouxel et Catherine Monnot Béranger, celle-ci s’est déroulée en deux temps, et a réuni universitaires, chercheuses, enseignant.es, artistes et étudiant.es, pour une fréquentation totale d’environ 80 personnes et 10 intervenant.es. Les échanges, riches et stimulants, ont été révélateurs des réalités, questionnements et inégalités du secteur.

  • Une semaine d’ateliers, d’échanges et de transmission entre Andrea Schulte , Lolita Moralles, artistes membres de la Collective Femmes de Crobatie, et une dizaine de femmes accompagnées par la MDS du Pont Vieux.

Durant près de 10h d’ateliers, après des rencontres préalables à la Maison des Solidarités, durant la résidence des femmes de Crobatie, puis la venue au spectacle, une dizaine de femmes (dont un noyau dur de 8 personnes) a pu expérimenter l’approche développée au sein de la Collective : un espace d’expression physique et corporelle, « safe » et bienveillant, qui a également laissé la place à une expression de la parole et de l’écoute. Issues de parcours très divers (migration, maladies chroniques très douloureuses ou handicaps, monoparentalité, etc.) mais ayant comme point commun l’isolement, elles ont trouvé dans ces ateliers un espace de reconnaissance, d’ouverture artistique, de confiance et d’estime d’elles-mêmes.

Le découpage des divers rendez-vous, leur format, la qualité du lien développée par les assistantes sociales, la chargée d’action culturelle de la DAVV et l’équipe de l’espace Roguet, le fait d’avoir pu voir la proposition artistique en amont ou de se retrouver dans un espace culturel dédié ont constitué autant d’éléments qui ont permis la réussite de cette proposition.

Du point de vue des artistes, des femmes impliquées, des travailleuses sociales, des professionnelles de l’espace Roguet comme de la Grainerie, la réaffirmation d’une démarche artistique comme vecteur de lien social et d’émancipation de l’individu a été clairement exprimée et palpable. La réciprocité dans les échanges, quelle que soit la place de chacune dans le projet, a également été largement soulignée.

Le lien est par ailleurs pérennisé, au travers d’un groupe whatsapp, de sorties culturelles communes, d’une solidarité qui subsiste bien au-delà de l’action.

Extrait des témoignages exprimés, à chaud, à l’issue de la semaine d’ateliers, par Luce, Marine (et ses belles photos!), Joëlle, Marta, Catherine, Patricia, Myriem, Rachida, Anxhela :

« on va porter très très loin dans le temps ce qu’on a vécu. »

« Chaque jour avec vous a été une journée spéciale. On rentre chez soi et on dit simplement ça car on ne peut ou ne veut pas le partager plus avec les mots. »

« On est rentré dans l’intimité de chaque femme à un moment donné dans ce groupe. Il y a eu un lâcher prise et je me suis dit vaille que vaille j’essaye. Je suis là pour moi. »

« On se guérit des autres ensemble »

« J’étais agréablement surprise de cette semaine, de l’élan que j’avais de venir ici. J’ai trouvé que de la bienveillance. C’est une belle aventure pour moi. Et cette énergie de guérison qui est omniprésente tout le temps. Je suis réellement heureuse d’avoir pu participer à ça. Merci de me donner cette chance de créer du lien, par ce que on a toutes des parcours atypiques et c’est une richesse supplémentaire pour nous.’

« Au début j’ai eu peur : je me suis dit mon dieu comment je vais faire avec ma patte folle pour faire leurs acrobaties, je trouve ça bizarre de me trouver là et finalement j’ai bien vu que c’était à la portée de toutes, que je pouvais participer. Je me suis ressourcée, je me suis amusée, j’ai dansé, j’ai crié, j’ai fait plein de choses qui m’ont fait beaucoup de bien. Je me suis ressourcée. C’est le genre de moment, cette semaine partage avec vous, qui me permet de recharger mes batteries et avec ça je tiens long temps. Merci beaucoup pour m’avoir donné plein d’amour, cette semaine »

« merci pour tout, ça m’a aidé cette semaine, ça m’a beaucoup aidée, mais malheureusement c’est fini, demain je vais me retrouver toute seule et je n’aime pas être seule mais je sais qu’ avec certaines on peut se revoir. Merci pour le spectacle, il m’a vachement plu. Ce jour j’étais contente d’être avec vous, parmi vous. Merci beaucoup, vous est très gentilles avec moi. »

« vous m’avez fait retrouver mon fil de vie. On parle d’intégration. A un moment, et quand tu essaies de t’intégrer depuis longtemps, que la société te rejette, à un moment t’as plus envie d’en faire partie. Et c’était il y a pas si longtemps que ça ce moment. Et la tu vois que c’est possible d’être soi sans masque, sans devoir s’amputer d’une partie de soi, ça a rallumé ce truc qui était éteint depuis un moment. C’était libérateur, ça m’a amenée à m’autoriser des choses que je m’interdis, que ce soit sur le plan professionnel, personnel, à me dire tu fais ce que tu veux, ça suffit d’être sage et gentille, tu as plus rien à prouver a personne, tu as 3 enfants les trois sont neuro-atypiques, tu as tout géré tout seule en sachant pas que tu étais handicapée etc, tu les as amenés là et tu as réussi. Tu as toujours été là pour les autres, maintenant tu es là pour toi. C’est pour ça que je n’ai pas dormi, pour m’inscrire à minuit à cette école que j’ai envie de faire depuis que je suis ado. je sais pas si je vais être reçue ou pas, si je vais réussir ou pas, mais ou moins je l’ai fait. Cette solitude, on se rend compte qu’on est seule mais on se rend compte que on n’est pas seules complètement. C’est vous qui nous avez fait un cadeau.Je ne m’attendais pas à ça : des trapèzes, des choses dans l’air etc…et c’était une toute autre aventure et vous me faites sortir de la coquille. »

« il faut profiter des choses. Je suis étrangère je vois qu’ici tout le monde court. Ici c’est le stress, si on vit dans ce rythme on va éclater. Ici le rythme n’est pas humain. Il faut qu’on change, nous. Ici la solitude est là. Il faut profiter de la vie, elle est courte. La vie, elle court et on court avec elle …Ici la société, elle est matérialiste. Il faut pas courir : on travaille, on paye, on vit par ce qu’un de ces jour on va mourir je vous le dit. On va mourir debout. Un cercueil debout, c’est à la mode. C’est pas une vie ça ! Il faut créer un entourage, comme ici. Par ce qu’ il y a beaucoup de problèmes. »

« (Il faut) rebondir sur autre chose dans la continuité de ce qu’ on a vécu avec Andrea et Lolita dans l’esprit de ses femmes qui sont dans le partage , dans le respect de l’autre femme quelle que soit  la religion , l’âge. Qu’on soit ensemble et qu’il n’y ait plus ces barrières ni de langue, ni de culture, ni de quoi que ce soit. Que on puisse aimer notre prochaine, se consoler, aider à traverser la rue. Cette énergie, il faut pas que on la perde. Si on perd ça on transmet rien aux générations suivantes.

« Les initiatives comme celles-ci nous rappellent qu’une femme libre, ça fait peur. Et qu’ il n’y a pas de quoi avoir peur. De bouger, libre, c’est beau, c’est une force.

En deux mots : On voit la différence d’énergie entre le début et la fin de la semaine, les éclosions de chacune d’entre nous et les envols qui vont en naitre

«  (Maintenant) Je suis force de proposition pour faire des sorties parce que tout seule on n’ose pas, mais ensemble on est plus fortes. J’adore cuisiner …. on apporte de trucs et si tu as rien tu apportes rien mais on se voit. Ensemble on se dynamise, toute seule ça peut être difficile. »

Témoignages reçus par mail, 10 jours après la fin des ateliers

« Coucou Andréa et Lolita

1/j’espère que tout va bien pour vous deux et la troupe

2/message pour vous dire que j’ai eu la réponse pour ma candidature vous savez celle que j’avais posée immergée dans l’énergie du stage et……

Je suis reçue, je réalise ENFIN ce rêve qui me tenais tant à cœur… Devenir psychopraticienne. Voilà une des conséquences de ce que vous faites : vous continuez à ce que nous osions, croyions en nous et sortions de nos chrysalides pour nous envoler. Ce stage c’est l’un des plus beaux moments de cette année pour moi. Merci pour ce cadeau précieux. »

« J’aimerais vous faire un retour au sujet du stage que j’ai effectué grâce à la Maison des Solidarités du Pont Vieux avec Femmes de Crobatie, au sein de la MJC Roguet, à Toulouse. 

Tout le monde autour de moi trouve que je rayonne plus que d’habitude ces derniers temps, et je le dois à l’accompagnement bienveillant, chaleureux et stimulant de Andrea et Lolita lors du stage, ainsi qu’à l’esprit de groupe qui s’est mis en place avec les autres femmes bénéficiaires.

Ces femmes qui semblaient marquées, épuisées, préoccupées par des vies sans doute compliquées et exigeantes, qui étaient introverties, peu bavardes pour l’essentiel, formaient un ensemble cohérent, joyeux et habité par une force nouvelle.

Grâce à la variété des exercices, entre méditation, sophrologie, danse, expression corporelle, échange et total défoulement, j’ai vraiment repris conscience de mon corps (enfermé et limité par contrainte, suite à une blessure), du lien aux autres, et j’ai pu évacuer tant de choses (stress, frustration, détresse et même colère) dans un endroit où je me sentais en sécurité, loin de tout jugement ou autre. 

En conclusion, la démarche de Femmes de Crobatie et l’implication de ses membres m’a été très bénéfique. Ce type de prestation gagnerait à être dupliquée pour toucher plus de personnes en situations de précarité, d’isolement (peu importe la cause de celui-ci) ou après un accident de la vie, pour le bien-être de tou(te)s.

Encore un grand merci. »

« Bonjour à tous. J’ai vécu une très belle aventure avec Andrea et Lolita et toutes les participantes. Véritable approche dans notre corps et notre cœur, cela aura été un véritable bienfait, avec un sens du partage exacerbé. J’ai rencontré deux merveilleuses personnes, Andrea et Lolita, d’un professionnalisme rare et d’un humanisme sans précédent. J’aimerais apporter ma pierre à l’édifice pour que leur projet perdure : elles ont toute ma gratitude et mon soutien pour de nouveaux projets qui j’espère aboutiront elle le mérite vraiment. »

A écouter : Interview d’Andrea Schulte, pour Femmes de Crobatie

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